hydre et dragon ft nathaniel

« Pas de problème. » Elle s’appuya sur le bras qu’il lui proposa, un peu rassurée qu’elle accepte. Il ramassa ses affaires et jeta son sac à dos sur une épaule, ce qui lui fit penser un peu aux lycéens ou aux universitaires un peu désintéressés. Ca la fit sourire intérieurement, même si elle se doutait bien que ça ne collait pas du tout au personnage. Il poussa sa capuche sur son visage et Raven ne put s’empêcher d’être étonnée par ce geste. « - Tu vois, tu me disais tout à l’heure qu’il ne fallait pas cacher ce que l’on était, par rapport aux illusions… D’être soi-même, atypique, et se moquer du regard des gens… Pourtant u mets ta capuche. » Elle ne voulait pas du tout le mettre mal à l’aise, elle se posait juste sincèrement la question : pourquoi cacher son corps alors qu’il semblait si fier de ses tatouages ? Et n’était-ce pas un peu hautain de donner des conseils pour s’accepter vingt minutes plus tôt alors qu’il ne les suivait pas lui-même ?

Nathaniel semblait comme un peu… de trop dans ce paysage zen, sans aucun accroc, parfait, blanc, épuré. Avec son corps marqué de l’encre des tatouages, ses mains dans les poches et son regard papillonnant… Raven se sentit comme un peu déphasée du cours du temps. Il y avait vraiment des personnes étranges en ces lieux, et ce n’était pas une critique ou un défaut. Juste un constat. Est-ce que la mutation procurait aux gens atteints une opportunité d’être… bizarres ? Différents ? Elle ne savait pas quoi faire de ce balbutiement de pensée alors elle préféra la laisser de côté. Elle pouvait désormais marcher tranquillement – elle fila déposer le dessin et revint rapidement -, retira ses chaussures au bord de la baie vitrée qui permettait d’atteindre la plage, et laissa le sable chaud glisser entre ses doigts de pieds. Il y avait quelques points sur la plage, des gens qui profitaient du soleil, mais beaucoup avaient des cours à cette heure-là, ou tout simplement pas envie d’être dehors. Lorsqu’elle arriva près de l’homme, il avait sorti des lunettes de soleil et ses mains étaient plongées dans ses poches. « Oh ! J’avais oublié pour ta maladie par rapport au soleil… » Elle n’était pas certaine d’avoir tout bien compris, mais elle venait tout juste de m‘en rappeler. « On peut regarder l’océan de l’intérieur si tu préfères. Et je pourrai te faire voler une autre fois si c’est trop ensoleillé aujourd’hui. » Elle se tint les mains un peu maladroitement, comme un enfant qui aurait fait une bêtise. Lorsque ses homologues avaient des maladies ou des soucis, elle l’oubliait constamment. Un peu parce qu’elle cachait elle-même toutes ses faiblesses derrière un rideau d’illusion – elle oubliait parfois que les autres ne pouvaient pas le faire. Pourtant, Nathaniel ne faisait pas mine de bouger, contemplant l’étendue bleuté qui s’étalait sous ses yeux ébahis. Raven avait presque envie de lui demander s’il trouvait ça beau, mais bien sûr qu’il trouvait ça beau. Il serait insensible s’il n’était pas touché par la pureté et l’immensité du voile bleu.

« Je ne cache pas ce que je suis… J’assume parfaitement mon physique. Ce n’est pas moi que je protège des autres, mais ce sont les autres que je protège de moi… J’inspire la peur et le dégoût pour une majorité de personnes. Et ceci dit je déteste forcer les gens à me regarder. Les forcer à ma présence. Mais je ne peux pas vivre caché toute ma vie ! – Eh bien je peux dire pareil de mon visage. Ca n’inspire pas confiance, ça met en déroute les gens, parce que ça leur faire peur, ou que ça les dégoûte. Sauf qu’ironiquement, c’est moi qu’ils blessent en ressentant ce genre de choses. C’est pour ça que j’utilise mes illusions. Tout comme tu te caches avec une capuche. » Elle aurait aimé que son pouvoir soit plus puissant. Elle avait de quoi modifier son propre visage, mais pas celui d’aider les autres, ce qui la rendait parfois un peu triste et impuissante. Après, elle était heureuse d’avoir déjà assez de concentration pour cacher le sien. On ne pouvait pas non plus demander la lune.

« Je sais que tu n’aimes pas avoir de dettes, mais je crois qu’en effet, aujourd’hui, ça va être difficile… » Le pouvoir de Raven pourrait lui permettre de ne pas sentir les effets du soleil sur son corps, mais il n’empêcherait pas la maladie de vivre. « Ce n’est pas grave. Une prochaine fois ! Ou un soir, comme ça on est certain que tu n’auras aucun problème. Il doit y avoir des mutants à l’institut qui pourraient te permettre de guérir de ta maladie. Enfin, je ne sais pas si tu y as déjà pensé. » C’était un peu gros de sa part de lui parler de ce genre de technique alors qu’elle-même refusait d’utiliser l’argent du Centre pour modifier l’apparence de son visage. Elle ne croyait pas encore le mériter assez. Après quelques années de bons et loyaux services, pourquoi pas. Et surtout, ils n’avaient encore trouvé aucune solution pour son œil hors d’usage. « Je ne veux pas t’empêcher d’en profiter. C’est vraiment merveilleux comme endroit… - Oh tu sais, je le vois tous les matins, tous les soirs, et je suis dedans dès que j’ai un instant. Il ne va pas trop me manquer pendant quelques minutes. » Elle laissa son regard traîner sur les panaches azurs de la mer. « J’espère vraiment revenir un jour ! … Un jour où il fera un peu plus couvert. – Bah il est juste là. Il ne va pas bouger, rassure-toi. Si tu restes au Centre, tu pourras venir le voir tous les jours si ça te tente. » Il aurait à marcher un peu pour traverser le complexe car il ne dormait pas juste devant comme Rave, mais c’était totalement possible. « T’as raison d’apprécier cet endroit… C’est la première fois que je vois la mer et… et c’est époustouflant ! – Je crois que ce que je préfère c’est le vent salé. » Elle le vit tourner les talons, prêt à repartir dans sa partie du Centre, maintenant qu’il connaissait un peu mieux les lieux. Elle se glissa à côté de lui, alors qu’il allait récupérer son sac. Elle mit du sable à l’intérieur mais elle l’enlèverait un peu plus tard. De toute façon, vu le nombre de passages qu’il y avait ici… « Voilà, tu sais un peu tout du Centre maintenant. Si tu as besoin d’aide tu sais où me trouver. N’hésite pas. »