This. Means. War. [Prisca Headey]

Se regardant une dernière fois dans le miroir, Prisca soupira. Ca ne faisait que quelques jours qu’elle était sortie de l’hôpital mais elle savait que pour aller mieux - surtout mentalement -, elle se devait de retourner au boulot. Depuis toujours, ça avait toujours été la chose qui lui permettait de remettre un pied devant l’autre correctement, et même si elle devait y passer des jours et des jours, se privant de sommeil parfois, elle se connaissait assez pour savoir que c’était la bonne chose à faire. Malgré tout, cette fois ci, quelque-chose avait changé. L’attaque que le Centre avait subi quelques semaines plus tôt avait changé la donne. Avait changé beaucoup de choses. Elle pouvait le sentir, tout autour d’elle. Mais en elle, aussi. Prisca n’était plus autant en accord avec son corps qu’elle avait pu l’être avant. Elle ne savait pas encore à quel point les dégâts étaient gros, grands, mais elle savait que ça n’allait pas être beau à voir. Rien que le fait qu’elle ait du rester plus de quelques jours à l’hôpital n’était pas un bon signe. Elle avait souri, rassuré ses proches, leur promettant que tout allait bien - le seul a ne pas avoir été dupe avait été Sam, son frère. Ils avaient vécu trop de choses ensemble pour qu’il se fasse berner par ses dires. Et surtout, il était là lorsque son accident, qui aurait du lui couter la vie, c’était déroulé. C’était grâce au déclenchement de son don que Prisca avait été sauvé ce jour là - et ça aurait du être une situation similaire cette fois ci. Ca ne l’avait pas été. Sam lui avait fait faire un pacte, entre frère et soeur: il chercherait au niveau scientifique ce qui n’allait pas chez elle pendant qu’elle tenterait de comprendre en elle ce qui avait changé. Elle avait souri et lui avait promis qu’elle le tiendrait informé. Mais en vrai, elle était terrifiée à l’idée de découvrir ce qu’il ne semblait plus aller chez elle. Elle était d’ailleurs en train d’envoyer un sms à son frère pour savoir s’il voulait toujours qu’ils se retrouvent ce soir pour discuter lorsqu’elle sentit quelqu’un lui rentrer dedans. Elle perdit son téléphone dans la bataille et ne put s’empêcher d’émettre un petit aoutch. Alors qu’elle ramassait son téléphone. « Oups ! Pardon ! » Prisca releva directement le regard vers son interlocutrice, reconnaissant que trop bien la voix de Roxann. Et, avant qu’elle ne put le contrôler réellement - si ça n’avait pas été une surprise, elle aurait tenté au moins de paraître aimable -, son regard devint rapidement noir. De toutes les personnes qu’elle aurait pu croiser aujourd’hui, il fallait que ce soit la jeune femme sur qui elle tombe. Cependant, Roxann dut sentir rapidement le malaise de cette situation car elle repartit très rapidement vers où elle devait s rendre - et Dieu savait que Prisca n’en avait presque rien à rien. Elle continua alors de son côté son cheveux, tentant de se sortir la blonde de ses pensées - et surtout la personne à qui elle l’associait automatiquement, beaucoup trop rapidement. Cependant, sa voix se fit de nouveau entendre et cette fois ci, dans son dos. « Prisca, attends ! » Soupirant, Prisca finit par se retourner, un demi-sourie poli sur les lèvres - elle espérait que c’était juste parce-qu’elle avait fait tomber autre chose que son téléphone dans la collision, qu’elle ne l’avait pas ramassé et que Roxann avait décidé de faire sa bonne action de la journée en lui rendant. Sinon, elle n’avait pas la force pour toute autre discussion. « Oui ? » « De toute évidence, toi et moi, on a un problème. On peut en parler, essayer de régler ça en adultes ? » Lentement, assez lentement pour que ça paraisse naturel en tous cas, le sourire de Prisca s’effaça. Et elle devait faire preuve de beaucoup d’efforts pour ne pas avoir envie de soupirer - très lourdement. Elle n’avait vraiment, vraiment, pas envie d’avoir cette conversation. Ce n’était pas le moment, pas le jour, pas la semaine - ni même le mois ou l’année, si vous vouliez savoir. La seule chose qu’elle voulait faire, c’était se servir un bon café et de se plonger corps et âme dans le travail jusqu’à temps que son frère vienne l’en sortir lorsque le soleil serait couché depuis longtemps. « Un problème ? » Elle avait tenté de prendre la voix la plus douce et la plus neutre pour la situation - après tout, plus vite elles discuteraient et plus vite elle pourrait retourner à ses occupations; non ? Elle fronça légèrement les sourcils. « A toi de me dire, apparement. » La technique de l’autruche; une fois sur deux, sur un malentendu, on pouvait s’en sortir.

A la façon dont Roxann haussa l’un de ses sourcils lorsqu’elle eut finit de parler, Prisca comprit rapidement que sa technique de l’autruche n’avait - et n’allait - pas fonctionner. Mais elle se devait de rester calme. Après tout, si elle voulait réellement discuter du potentiel problème qu’il y avait entre elles deux, Prisca ne pouvait pas jouer la carte de la défensive. Car si elles avaient quelque-chose qui ne semblait pas aller, c’était par rapport à Jesse et Prisca ne pourrait jamais complètement défendre sa position. Elle n’était pas légale, de toutes façons. « Le regard noir, l’attitude méprisante au bal, la tension palpable quand on est dans la même pièce… Et ne va pas me dire que c’est que dans ma tête ! » Prisca vint mordre discrètement sa lèvre inférieure, s’empêchant de répondre du tac au tac. Ce n’était pas la bonne méthode, elle le sentait, il allait falloir qu’elle la joue plus fine sur ce coup là. Surtout que, si leur relation avait réellement évolué comme elle le sentait entre Roxann et Jesse, si Prisca disait quelque-chose de travers à la jeune femme, Jesse serait au courant. Et pour le moment, elle ne voulait pas créer de situation plus compliquée qu’elle ne pouvait déjà l’être entre Jesse et elle. Et, sur le long terme, dégrader encore plus sa relation avec Aaron - parce-que de toutes façons, c’était toujours sur lui que retombait les décombres de ses actions néfastes retombaient. Cependant, Prisca ne voulait pas commencer à parler avant d’avoir eu la vision et la pensée complète de la jeune blonde, voulant être sûre que toutes les paroles qu’elle pourrait dire n’aient aucun conséquence. Elle se contenta donc de la regarder insistement, lui faisant comprendre qu’elle pouvait continuer sur sa lancée - Roxann dut rapidement le comprendre puisqu’elle reprit la parole. « Ça fait longtemps que ça dure et on se croise régulièrement, alors on va pas continuer à jouer à ce petit jeu-là indéfiniment… » Prisca eut un petit sourire en coin - et elle retint un petit rire, surement nerveux et de fatigue. « Roxann, Roxann… » Elle savait qu’elle allait jouer avec le feu, mais la façon dont la jeune femme venait de lui parler, de cette légère façon, comme si elle parlait à un enfant un peu capricieux qui refusait de comprendre la situation… Elle n’aimait pas spécialement. Elle avait beau savoir être gentille, Prisca. Patiente. Altruiste. Elle avait grandi avec un grand frère plus que capricieux lui et elle ne se laissait que très réellement marcher sur les pieds. Surtout s’il n’y avait pas de but positif pour elle à la fin. « Ce n’est pas un petit jeu, d’accord ? Il n’y a pas de jeu. Pour le bal, j’étais sur mes gardes. Je savais que quelque-chose pouvait mal tourner… Et ça a fini par mal tourner, on a tous rapidement vu les résultats… » Sa voix avait légèrement mourut sur la fin, elle n’était pas encore si à l’aise que ça pour parler des événements de noël et surtout, de leurs conséquences. « Après, je pense que toi et moi, il est probable qu’on ne soit pas assez sur la même longueur d’ondes pour s’entendre. C’est surement la raison qui fait qu’on a, et surtout que tu as, l’impression qu’une tension est présente. Tu ne crois pas ? » Même si elle reprochait mentalement à Roxann de l’avoir pris pour une enfant quelques instants plus tôt, elle venait de faire la même chose. Comme si elle ne comprenait pas la situation, que celle ci la dépassait. Ce n’était pas juste, elle le savait. Mais rien que de savoir qu’elle pouvait être juste amie avec Jesse, ça l’énervait - même si elle ne s’avouerait jamais les vraies raisons de cette énervement.