Quand fierté et culpabilité s'en mêlent... [PV Garett]

Noel… C’était censé être une belle fête, non ? Même pour les mutants ! Enfin, c’était mon avis, hein. Je n’aimais pas spécialement les fêtes depuis que j’avais quitté la maison. Mais le fait de fête avec Angus et Garett m’avait fait changé d’avis. Mais ça, c’était avant que tout ça n’arrive. Que tous perdent leur contrôle à cause de fléchettes merdiques… Putain ! Mais comment tout ça a-t-il pu arriver ? Comment les agents spéciaux, dont je fais partie, ne se sont-ils pas aperçus qu’on envahissait l’agence ? Merde ! J’étais en rage, surtout contre moi-même. Je n’avais rien pu faire de concret, à part copier le don d’Angus et de l’aider. Je n’ai même pas pu aider Garett ! Et voilà où j’en étais. A l’hôpital, cet endroit que je détestais tant, la main et l’avant-bras brûlés et couvert de cloques bien douloureuses.

Je soupirai, allongé dans mon lit, à côté de Garett, qui dormait, encore inconscient sans doute. Je grimaçai de douleur, le bras me faisait un mal de chien, ma fierté me torturait également, forcément. J’étais orgueilleuse, et là, voir que je n’avais rien pu faire… Aaaaaah ! Ça me mettait en rage ! Je ne supportais pas ce genre de choses ! C’était tellement injuste. Pourquoi est-ce qu’on s’en prenait à nous, enfin ? Aaaah ! J’avais envie de donner des coups ! J’en donnais un violent sur mon matelas, de mon bras blessé et grimaçai à nouveau.

« Alors, Miss Blackburn ! Arrêtez de bouger et de râler comme ça ! Vous allez vous faire mal… Et réveillez votre voisin, accessoirement. »

Mais je n’en n’avais rien à battre. Je voulais juste me casser d’ici et rentrer chez moi. Et accessoirement oublier cette soirée de merde. Et je ne voulais pas que Garett me voit comme ça. J’avais dans l’idée qu’il s’en voudrait et c’était hors de question. Je regardai l’infirmière et lui tendis mon bras.

« Enlevez-moi ça, et j’arrêterai de vous emmerder… »

Ça avait le mérite d’être clair. Elle s’est approchée, et doucement, a enlevé les pansements gras qui recouvraient ma peau cloquée et brûlée. Elle a secoué la tête et est allée chercher une crème dans le frigo dans un coin de la pièce. Elle a commencé à m’en enduire le bras, ce qui faillit me faire hurler. La différence chaud froid était douloureuse mais, curieusement, me faisait aussi du bien. Une larme s’échappa de mon œil. Voilà que je pleurai maintenant, c’était la meilleure celle-là.

Ila le dos qui repose sur un lit, un lit qui n'est pas le sien, clairement pas. Mais il n'a pas froid. Pourtant, il est mal, il se sent tellement mal. La douleur, la peur et la tristesse. Mais surtout la culpabilité. Il n'est pas encore conscient mais déjà son esprit le tiraille. Il se déteste pour ce qu'il s'est passé. Bien sûr, une petite voix au fond de lui lui annonce que ce n'est pas de sa faute. Mais il ne l'écoute pas, il n'arrive pas à se convaincre qu'il n'est pas en tord. Tout est là pour le lui rappeler.

Il quitte l’inconscience pour un semi sommeil, le réveil est pour bientôt. Les sensations se font plus présentes, les douleurs se font bien physiques et la culpabilité fait déjà son nid dans la poitrine du pyromane. Ca n'allait pas. Et ca n'allait nul part.

La voix de Janette, une vielle infirmière qui partageait toujours ses sucreries avec les apprentis rouspéte doucement contre quelqu'un. La conscience et le réveil, vraiment au bord de l'esprit de Garett. Mais c'est quand il entend la voix d'Aelan qu'il ouvre les yeux. La lumière blanche l'aveugle d'abord, puis un sale mal de tête vient le prendre avant que tout son bras gauche le rappelle à lui. Il n'ose pas le regarder, il aura tout le temps de le faire plus tard, par contre, il ne détache pas son regard de la main de son amie et encore moins de cette perle d'eau qui coule sur sa joue blanche.

C'était une catastrophe.

Doucement, difficilement, silencieusement, il laisse ses pieds nus rencontrer le sol froid de l'hôpital. Il n'ose pas quitter Aelan du regard, il n'ose pas se demander à quoi ressemble son bras, si la crosse du fusil d'Angus avait laissé une trace, si le mur qu'il s'était prit avait eu raison de son nez. Il ne voulait rien savoir. Rien voir, rien sentir. Et pourtant.

Arriver à hauteur de son amie, il s'arrête, partagé entre l'envie de chasser cette larme et la honte de se tenir devant elle alors qu'il est celui qui l'a envoyé là.

Je ne vois pas tout de suite Garett qui s’est approché de nous et qui me fixe, bien trop figée par la douleur et le bien que me fait cette pommade, si intense que j’en ai fermé un moment les yeux, laissant couler les larmes. Puis, je le vois, quand j’ouvre à nouveau les yeux. Son expression… Je le regarde, d’abord choquée, ce qui permet à l’infirmière de finir mon pansement. Puis, je me lève… Trop vite. Je chancèle, j’ai le tournis, mais je m’en moque. Je veux le sentir. Mon regard passe sur son bras, qui est en piteux état. Bien pire que le mien. Je me mords doucement la lèvre inférieure. Je me sens mal pour lui. Perdre le contrôle de son pouvoir ne doit pas être facile à vivre, je le conçois, surtout pour une personne qui ne le maîtrise pas très bien de base. Et le pire dans tout ça, c’est que je n’avais pas eu le temps de copier le pouvoir d’Angus pour éviter qu’il se fasse du mal. J’ai soupiré. Je m’en voulais.

Doucement, je le prends dans mes bras. J’essaie de ne pas me faire mal, ni lui faire mal à lui. Ce serait fâcheux. Et je le sers doucement contre moi. Une des rares personnes avec qui j’arrive à faire ce genre de choses… Le seul avec mon frère, en fait. Et encore, avec Angus, c’est compliqué, la plupart du temps. Je reste un instant comme ça avant de me détacher et de caresser doucement sa joue. Il est pâle, il a vraiment l’air mal. Je n’aime pas le voir comme ça. J’essaie de lui sourire, de ne pas lui montrer mon inquiétude.

« Garett ?... Ça te fait mal ? »

Je lui désigne son bras. J’aimerais le sortir de sa torpeur, le soulager de sa douleur. Mais je suis impuissante face à ce genre de situation. Je regarde l’infirmière, un peu dépassée. Je ne sais pas quoi faire.

Il la regarde, il la detail, il ne la quitte pas des yeux, observant chaque détail et restant bloqué quelques secondes sur le bras qu'elle se fait bandé. C'est de sa faute. C'est affreusement de sa faute. une boule de culpabilité et d'angoisse se forme doucement au creux de son estomac, elle fait son nid, prend sa place. Et Garett ne peut pas détacher son regard de son amie.

Alors quand elle relève la tête, qu'elle le voit, il a peur qu'elle prenne peur, qu'un mouvement d'effroi la prenne. Qu'elle ne veuille plus de sa présence. Oh, il comprendrait très facilement. Après tout, il l'avait blesser. Mais non, il a le secret espoir qu'elle lui pardonne.

Mais il doute, il doute atrocement quand il voit le choc sur son visage. Ca va mal se terminer.

Elle se lève... Pourquoi est ce qu'elle se lève, elle devrait rester au lit, se faire soigner correctement ! Pourquoi est ce qu'elle se lève... La colère ? Elle va quand même pas lui en mettre une ?

...

Non, elle le prend dans ses bras. Tout simplement. Un câlin doux et agréable. Mais ca ne change rien à sa culpabilité, il est trop tôt. Et pourtant elle est là. Elle le sert contre elle et lui caresse la joue en un geste presque maternelle.

Elle est toujours là. Elle s'inquiète pour lui. Lui demande si ça va en lui montrant son bras.

Il n'avait pas voulu le regarder avant ça. Il n'en a pas non plus envie maintenant.

Elle est toujours là. C'est tout ce qui compte pour Chili pepper. Vraiment tout ce qui compte. Elle ne le fuit pas.

- Ae ... Je suis désolé, c'est à moi de te demander si ca va. Je m'en veux tellement. Je suis tellement désolé.

De sa main valide, il caresse la peau douce du visage de son amie. Elle est encore là, elle ne l'a pas fuit.

Les larmes lui montent aux yeux avant de dévaler ses joues.

- ... Merci ...

Pourquoi il s’excusait ? Je ne comprenais pas. Il n’y était pour rien, là-dedans ! Ce n’était pas de sa faute s’il avait perdu le contrôle ! On avait été attaqué ! Et touché en plus de ça. Il n’était coupable de rien. Il avait juste essayé d’aider les gens. Les aider ! Bordel ! C’était sans doute l’une des personnes les plus désintéressée que je connaisse. Je le connaissais depuis un moment et je le connaissais assez pour savoir qu’il ne m’aurait jamais blessée délibérément. Jamais ! Je secouai la tête et pris sa main valide de la mienne, avec un petit sourire.

- Garett… Mais non ! Ne t’excuse pas, tu y es pour rien. L’attaque était subite et tu es un des rares à ne pas avoir paniqué. Tu as même été plus courageux que certains de nos agents. Même moi, je n’ai pas su faire ce que j’avais à faire… j’avais juste à annuler ton pouvoir. Et je n’ai pas été capable de le faire. Alors ne t’en fais pas, ton honneur est sauf, mon ami… Et je suis fière de toi.

Ce garçon mettait vraiment mon orgueil en danger. C’était incroyable. Rares étaient les personnes devant qui j’admettais ouvertement mes erreurs. Je le regarde, avec une certaine tendresse, ensemble dans notre douleur et dans notre culpabilité. Je lève les yeux vers lui et croise son regard, empli de larmes… Et il me remercie. J’essaie de cacher mon émotion comme je peux derrière ma carapace, mais je n’y arrive pas aussi bien que je le voudrai. Durant quelques secondes, je ferme les yeux, savourant sa main sur ma joue. Puis je l’observe à nouveau. Il pleure… J’essuie doucement ses larmes de mes mains et lui sourit.

- Pourquoi merci ? Je ne comprends pas… Tu es mon ami, Garett. Je t’aime énormément… Et je ne peux pas dire ça de beaucoup de choses.

Mon sourire s’élargit et je me hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue.